Léon Lemonnier
Manifeste du roman populiste
Édition établie par François Ouellet
Éditions La Thébaïde
Coll. « L’Esprit du peuple » (mars 2017)
« Le mot populiste doit naturellement être pris dans un sens large. Nous voulons peindre le peuple, mais nous avons surtout l’ambition d’étudier attentivement la réalité », écrivait Léon Lemonnier dans son manifeste, publié en janvier 1930. Le Manifeste du roman populiste a été un fait saillant de la vie littéraire de l’entre-deux-guerres. On peut le découvrir à ce titre, pour peu que l’on accepte de sortir des sentiers battus, ou le lire comme une curiosité littéraire, ce qui n’est pas sans charme. Outre la référence convenue à L’Hôtel du Nord de Dabit, il ne reste à peu près rien du populisme. L’œuvre romanesque des fondateurs du mouvement est aujourd’hui oubliée ; aucun titre de Lemonnier et de Thérive n’a été réédité après leur mort. « Il n’est pas impossible que les années 1929-1930 marquent une date dans l’histoire littéraire. L’an prochain, ce sera non seulement le centenaire du romantisme et de la première d’Hernani, mais encore le cinquantenaire du naturalisme et des Soirées de Médan. Enfin, dès cette année même, se termine la première décade qui a suivi la guerre, et s’esquisse une réaction contre la littérature régnante », écrivait Lemonnier en novembre 1929. Cet optimisme a eu la vie courte, l’existentialisme, les Hussards, le Nouveau Roman, pour ne mentionner que des regroupements d’écrivains, ne tardant pas à enterrer le populisme bien profondément. L’histoire de la littérature n’a à vrai dire jamais compté avec ce mouvement, et les années 1930, telles qu’elles sont dans la mémoire littéraire, restent essentiellement liées aux œuvres de Céline, Aragon, Malraux, Bernanos, Drieu, Giono ou Montherlant, aux fresques de Jules Romains et de Roger Martin du Gard, à la mobilisation politique des écrivains pour la culture et autour du Front populaire. Il y a pourtant une part marquante et non moins riche de l’histoire du roman de l’entre-deux-guerres dans ce manifeste populiste et chez les auteurs qui ont souscrit, de près ou de loin, aux visées littéraires de Lemonnier et Thérive.
Cette nouvelle édition comporte une introduction substantielle au Manifeste etde nombreuses notes. Plusieurs articles inédits de Léon Lemonnier et d’André Thérive, cofondateurs du mouvement populiste, complètent cette édition de référence.
François Ouellet est professeur titulaire de littérature à l’Université du Québec à Chicoutimi, où il détient une Chaire de recherche du Canada sur le roman moderne. Spécialiste d’Emmanuel Bove et du roman de l’entre-deux-guerres, il est membre du Comité de lecture de la revue Aden, et collaborateur régulier à sa rubrique « Comptes rendus de lecture ». Il a publié une quinzaine d’ouvrages. Il est membre du G.I.E.N.