Oeuvres
La recension ci-dessous des ouvrages et articles consacrés à Paul Nizan est très loin d’être exhaustive.
L’ensemble des références recensées par le G.I.E.N. est édité dans les bulletins bibliographiques (voir bulletin d’adhésion à l’association)
1) Oeuvres de Nizan
Romans
Antoine Bloyé
(1re édition : Grasset, 1933) Paris, Grasset, “Cahiers Rouges”, Préface et Biographie chronologique d’Anne Mathieu, 2005, 2008. |
Antoine Bloyé, premier roman de Nizan, paraît chez Grasset en 1933.
À travers le récit de la vie et de la mort d’Antoine Bloyé, fils d’ouvrier devenu ingénieur, Nizan nous livre l’envers d’une ascension sociale et met en fiction celle de son propre père. Ayant rompu avec sa classe d’origine, exclu de la fraternité des luttes et des espoirs partagés, Antoine n’est pas non plus accepté par la bourgeoisie à laquelle il a cru accéder par son travail, mais dont il ne possède pas les codes. Au soir d’un accident dont il se sent responsable, il prend conscience de sa trahison et comprend que son lot sera désormais la solitude et la mauvaise conscience. « Mais si Antoine Bloyé est un roman noir, terrible, il est aussi un roman qui appelle à la révolte. Contre la mort, contre la bourgeoisie, contre cette société où l’on ne promet que le conformisme des machines, contre ce monde de scandale où l’homme se perd » (A. Mathieu, Préface à Antoine Bloyé (2005), Grasset, « Les Cahiers rouges », 2008). |
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Le Cheval de Troie
(1ère édition : Gallimard, 1935) Paris, Gallimard, “L’imaginaire”, Préface de Pascal Ory, 2005. |
Roman militant, Le Cheval de Troie,publié en 1935 chez Gallimard, est nourri de l’expérience personnelle de Nizan l’année où, professeur de Philosophie à Bourg-en-Bresse, il fut candidat du Parti Communiste aux élections législatives (1932). À travers l’histoire des membres d’une cellule communiste dans la petite ville de Villefranche, ce roman témoigne de la violence des conflits sociaux de l’époque, de l’oppression de la classe ouvrière et de la lutte contre la menace fasciste. Mais il reflète aussi toute l’ambiguïté du regard que Nizan porte sur les ressorts de l’action militante. Comme l’indique Pascal Ory dans sa préface en 2005 : « Voici un roman qui sue l’angoisse, un récit peuplé de héros qui, quand ils ne sont pas obsédés par la mort sont tout simplement anéantis par elle, un roman où, au moment précis où les militants jouissent – c’est le mot – de se battre, une femme meurt des suites d’un avortement clandestin, seule, abandonnée de tous et d’abord de son mari parti manifester : troublante image… » (Pascal Ory, Préface au Cheval de Troie, Gallimard, « L’Imaginaire », 2005).
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La Conspiration
(1ère édition : Gallimard, 1938) Paris, Gallimard, “Folio”, 2005. |
Dans son troisième et dernier roman, La Conspiration, paru chez Gallimard en 1938(et pour lequel il aura le Prix Interallié), Nizan met en scène un groupe de jeunes intellectuels qui rêvent de changer le monde. Ils fondent une revue qui se veut révolutionnaire, mais ce projet n’aboutira pas. Comme dans tout roman d’apprentissage, ils rencontrent l’amour et la mort. L’un se suicidera, un autre trahira, un troisième, après avoir traversé l’épreuve d’une grave maladie, accédera enfin à l’âge adulte. Au-delà de ce canevas romanesque, La Conspirationbrosse en toile de fond un tableau du Paris des années 20 dont le récit du transfert des cendres de Jaurès au Panthéon constitue le point d’orgue. Ce roman polyphonique et inspiré était destiné à s’insérer dans une trilogie, dont le second volet aurait été être le roman perdu de Nizan, La Soirée à Somosierra, où l’on devait retrouver les personnages de Laforgue et de Catherine.
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Essais à la troisième personne
Annotations, Etablissement du manuscrit et biographie chronologique d’Anne Mathieu, Préface d’Anne Mathieu et François Ouellet, Paris, Le Temps des Cerises, |
Roman de jeunesse non publié du vivant de Nizan, Essais à la troisième personne témoigne de la maturité littéraire et intellectuelle du jeune Nizan. Rédigé entre 1924 et 1927, ce roman d’apprentissage met en scène un jeune homme (François) et une jeune fille (Anne), reprenant un certain nombre de textes publiés dans des revues où s’expriment déjà les thèmes qui seront ceux d’Aden Arabie et d’Antoine Bloyé. Sur une trame romanesque assez classique se déploie une écriture riche et changeante, chargée de poésie, mais aussi d’une véhémence qui annonce celle des pamphlets Aden Arabie et Les Chiens de garde. Témoignage précieux de l’évolution idéologique du jeune Nizan, ce texte nous livre, à travers l’itinéraire d’un jeune homme à la recherche de lui-même, d’indispensables clés pour comprendre l’œuvre future. |
Essais, pamphlets
Aden Arabie
(1ère édition : Paris, Rieder, 1931) Paris, La Découverte, “Littérature et voyages”, Préface de Jean-Paul Sartre (1960), 2002. |
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Lorsque Nizan quitte la France pour Aden, il a vingt et un ans, il est élève à l’École Normale Supérieure, condisciple de Jean-Paul Sartre et de Raymond Aron. Il y restera d’octobre 1926 à mars 1927, comme précepteur du fils d’un industriel anglais d’origine française Antonin Besse. Pendant le voyage et tout au long de son séjour, il échange des lettres avec Henriette Alphen, rencontrée en 1924, à qui il confie ses impressions. De retour en France en avril 1927, il l’épouse en décembre et adhère au Parti Communiste. Le pamphlet Aden Arabie paraît chez Rieder en janvier 1931, après avoir été en partie publié dans la revue Europe de septembre à octobre 1930. Sous couvert d’un récit de voyage qui refuse l’exotisme et le romantisme du dépaysement, il s’agit d’une dénonciation du colonialisme, de l’exploitation capitaliste et de la philosophie idéaliste de l’École Normale Supérieure, mais aussi d’une démystification de la jeunesse et d’une méditation sur la condition humaine. Jean-Paul Sartre, dans sa préface à la réédition d’Aden Arabie par François Maspero en 1960, ressuscite le « jeune homme en colère » des années 1920-1930, qui fut son condisciple au Lycée Henri-IV, à Louis-Le-Grand puis à l’École Normale Supérieure : « À présent, que les vieux s’éloignent, qu’ils laissent cet adolescent parler à ses frères » (Jean-Paul Sartre, Préface à Aden Arabie (1960), La Découverte, 2002).
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Les Chiens de garde
(1ère édition : Paris, Rieder, 1932) Marseille, Agone, “Contrefeux”, Préface de Serge Halimi (1998), 2002. |
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En avril 1932, Nizan publie chez Rieder Les Chiens de garde, féroce pamphlet contre la philosophie universitaire de l’époque. Il y dénonce avec violence les philosophes en place, « chiens de garde de la bourgeoisie » qui, face aux ravages provoqués par la crise économique, aux exactions et à la violence de la colonisation, à la montée du fascisme en Europe, ont choisi de se taire plutôt que d’agir, au nom de l’Esprit et des valeurs abstraites et éternelles qui dissimulent la réalité. Ce livre, dont Serge Halimi dans sa préface en 1998 met en lumière la brûlante actualité, est un appel à l’engagement et à l’action des intellectuels, car « un intellectuel n’est pas le sténographe de l’ordre, mais celui qui sait expliquer la nécessité de le dépasser, voire de le subvertir » (Serge Halimi, Préface aux Chiens de garde (1998), Marseille, Agone, 2002). |
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Chronique de Septembre (1ère édition : Paris, Gallimard, 1939) Paris, Gallimard, Préface d’Olivier Todd, 1978. |
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Publié en mars 1939 chez Gallimard, Chronique de septembre est le récit par un journaliste témoin de l’Histoire, des événements et des négociations qui aboutirent aux accords de Munich le 29 septembre 1938. Nizan est alors, et ce depuis sa création en mars 1937, responsable de la rubrique de politique étrangère au quotidien Ce soir. La rigueur de l’analyse, l’acuité et la lucidité de la vision historique font de Nizan, comme il le revendique lui-même dans son introduction, un « historien de l’immédiat ». « C’est, incontestablement », écrit Olivier Todd dans sa préface en 1978, « le moins littéraire, le moins retouché, des huit livres de Nizan. Pas simplement parce que le chroniqueur est pressé par le temps. Parce qu’il veut restituer l’essentiel, reconstituer le squelette » (Olivier Todd, Préface à Chronique de septembre, Gallimard, 1978).
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Ecrits journalistiques
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Paul Nizan, intellectuel communiste. Articles et correspondance 1926-1940, présenté par Jean-Jacques Brochier | (1ère édition : Paris, Maspero, “Cahiers Libres”, n° 104 & 105, 1967)
Paris, La Découverte, “Redécouverte”, 2001. |
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Pour une nouvelle culture, Textes réunis et présentés par Susan Suleiman | Paris, Grasset, 1971. | |
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Paul Nizan, Articles littéraires et politiques, volume I(”Des écrits de jeunesse au 1er Congrès International des écrivains pour la Défense de la Culture”, 1923 – 1935), Textes réunis, annotés et présentés par Anne Mathieu, Préface de Jacques Deguy, Nantes, Joseph k., mars 2005, 576 p. |
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Ce premier volume, précédé d’une chronologie établie par Anne Mathieu en collaboration avec Pierre-Frédéric Charpentier, réunit pour la première fois tous les articles de Nizan parus dans des revues, des journaux ou divers périodiques de 1923 au 20 juin 1935. Avec, en prime, un texte d’environ un mois postérieur, intervention au 1er Congrès International des Écrivains pour la Défense de la Culture qui se tient à Paris du 21 au 25 juin, et dont Nizan est l’un des artisans – texte que l’on retrouvera donc dans le vol. II, à sa véritable place chronologique. Fruit d’un travail de recherche de plusieurs années en grande partie issu de sa thèse de Doctorat (1999), Anne Mathieu a établi cette édition critique en quatre volumes, les suivants devant paraître prochainement. Des textes de jeunesse aux articles militants, se dessine l’itinéraire politique et intellectuel de Nizan, impitoyable pour la culture bourgeoise qu’il a reçue en héritage, et qui considère que “toute littérature est une propagande“. Comme l’indique Jacques Deguy dans sa préface : “On aura compris que lire tout Nizan c’est aussi ressusciter dans leur complexité tragique ces années qui, lorsqu’il entre plus jeune que bien d’autres sur la scène littéraire, furent des années de plomb” (J. Deguy, Préface aux Articles littéraires et politiques, vol. I, op.cit.). |
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Paul Nizan, Du conflit italo-éthiopien à la victoire du Front populaire espagnol (30 juin 1935-18 juillet 1936). Articles littéraires et politiques, vol. II, Textes réunis, annotés et présentés par Anne Mathieu, Préface de Pascal Ory, Postface d’Anne Mathieu, Paris, Le Cherche Midi, “Documents”, avril 2014, 823 p. |
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“Devenu rédacteur politique au quotidien communiste L’Humanité, l’intellectuel militant va y suivre des événements essentiels comme le conflit italo-éthiopien ou les élections du Frente popular en Espagne. Il y est également critique littéraire, ainsi qu’à Monde, l’hebdomadaire d’Henri Barbusse, ou à Commune, la revue de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. Ce volume se clôt au moment du déclenchement de la guerre d’Espagne. Les reportages antérieurs de Nizan montrent qu’il aura eu l’intuition d’un coup d’Etat imminent. Il aura aussi perçu, dans le conflit italo-éthiopien, le début d’une victoire des fascismes, face auxquels les démocraties n’affirmaient – déjà – qu’un aveuglement coupable. Ce Nizan journaliste politique, méconnu, s’offre ici au lecteur d’aujourd’hui. Si l’orthodoxie communiste habite ses articles, elle n’oblitère pas, loin de là, l’acuité de sa pensée.” (A. Mathieu, extrait de la 4e de couverture) |
Traductions
Traduction de L’Amérique tragique de Theodor Dreiser
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Paris, Rieder, 1933 | |
Traduction de Les Soviets dans les affaires mondiales de Louis Fischer
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Paris, Gallimard, 1933 | |
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Traduction et adaptation des Acharniens d’Aristophane
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(1re édition : Paris, Editions Sociales Internationales, 1937)
Aden, n° 7, édition de Romain Piana.
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Autres ouvrages
Choix des textes philosophiques pour Morceaux choisis de Marx présenté par Henri Lefebvre et Norbert Guterman |
Paris, Gallimard, 1934 | |
Choix de textes et préface des Matérialistes de l’Antiquité (1ère édition : Paris, Editions Sociales Internationales, 1936) Paris, Arléa, 1999 |
Démocrite, Épicure, Lucrèce écrivaient à des époques troublées où l’effondrement des valeurs traditionnelles invitait au repli sur soi. Ces morceaux choisis de philosophie matérialiste, traduits et commentés par l’auteur, ont été publiés pour la première fois en juin 1936 aux Éditions Sociales Internationales, sous le titre Les Matérialistes de l’Antiquité: Démocrite,Épicure, Lucrèce.
Dans sa préface intitulée « Le Matérialisme antique », Nizan trace un portrait saisissant de la décadence de la démocratie athénienne qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère de l’Europe de l’époque : « Athènes est en proie à la misère économique et à la misère politique […] Au milieu de cette débâcle, l’homme restait seul, faisant parfois des rêves de socialisme et de communisme utopique, laissant parfois exploser sa colère dans des insurrections sanglantes rapidement réprimées. » Il y met en lumière le caractère novateur et résolument dissident du matérialisme et de l’athéisme épicurien, perçus comme dangereux dès l’Antiquité par la pensée chrétienne. |
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Préface de Le Nationalisme contre les nations de Henri Lefebvre |
Paris, Editions Sociales Internationales, 1937 | |
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Complainte du carabin qui disséqua sa petite amie en fumant deux paquets de Maryland
et Hécate ou la méprise sentimentale |
(1ère édition : textes parus en 1924 dans La Revue sans titre)Le Revest-Les-Eaux, Spectres Familiers, 1982.
Paris, Mille et une nuits, 1999. Paul Nizan, Articles littéraires et politiques, vol. I (cf. supra). |
[Les descriptifs et résumés des ouvrages de Nizan sont dus à Laurence Ratier, laquelle a bénéficié de la collaboration de Anne Mathieu]