« Que pas une de nos actions ne soit pure de la colère » (Aden Arabie, 1931)

Revue ADEN

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Claude HERZFELD
(ancien adhérent du G.I.E.N. ; ancien collaborateur de la revue Aden ; intervenant aux colloques de 2002 et 2005)

" Je me souviens... " : J'ai été amené à la lecture de Nizan pendant la " guerre froide ". En effet, je militais au Rassemblement Démocratique Révolutionnaire de David Rousset et Jean-Paul Sartre. Est-il nécessaire de préciser que mon choix politique était celui d'une " troisième voie ", ce qui ne m'attirait guère la sympathie des " atlantistes " ou des staliniens ? J'évoluais dans un milieu qui comptait en son sein des réfugiés politiques espagnols du P.O.U.M. (Parti Ouvrier d'Unification Marxiste) – taxés d'hitléro-trotskisme par ceux-là même qui avaient approuvé le pacte germano-soviétique – qui m'en apprirent de belles sur " l'aide " de Staline à la République Espagnole (l'U.R.S.S. participa à la Commission de non-intervention de Londres.).
J'avais fondé un bulletin de réaffirmation philosophique, Marxisme, et c'est à l'occasion de ma polémique avec les bolcheviques que je me suis intéressé à l'oeuvre de Paul Nizan, ce communiste qui avait eu le courage de rompre avec un Parti qui n'avait pas su dire non au Petit Père des Peuples. L'écrasement de la révolution hongroise par les chars " soviétiques " et l'opération " Suez " n'ayant pas provoqué l'ouverture d'une troisième voie, je me suis alors consacré principalement à l'action syndicale (Ecole émancipée).
Ce n'est qu'en 1968 que je repris le combat proprement politique. C'était l'époque où l'Université de Nanterre s'intéressait à Nizan. Grâces lui en soient rendues ! Il me vint l'idée de pratiquer un montage audio-visuel (fondé sur le détournement, à la John Heartfield, des photographies de magazines) qui constituerait (avec une fiche de lecture) une introduction à la lecture d'Antoine Bloyé (voir Aden, n°1, 2002). Puis, mes recherches sur l'imaginaire me conduisirent à présenter, lors du colloque de Lille (1987), une communication intitulée " Images diurnes et nocturnes dans Antoine Bloyé ". Je fus aussi amené à parler de Nizan lors du colloque Octave Mirbeau (Angers, 2000).

" Nizan... Aujourd'hui ! " : Comme on le voit au bref rappel qui précède, c'est l'écrivain Nizan qui m'intéresse aujourd'hui, non le militant mystifié par la plus grande imposture de l'Histoire. Le G.I.E.N., dont la création n'est pas le produit d'un phénomène de mode, favorise, entre autres, la lecture littéraire de l'oeuvre nizanienne. Diverses approches permettent d'éclairer la compréhension de ses romans. Nizan appartient à une lignée d'écrivains qui, comme Mirbeau, n'ont pas craint de heurter leur lectorat. Il est aussi des héritiers de Nizan, qui, comme lui, aident à vivre.

[Claude Herzfeld, né en 1932 à Paris (10ème), est Docteur d'Etat, ancien professeur au C.R.D.P. de Paris, chercheur associé à l'Université d'Angers. Il a notamment publié " Images diurnes et nocturnes dans Antoine Bloyé ", in Paul Nizan écrivain, P.U. de Lille, 1988 ; " Roman d'accusation et roman à thèse : Mirbeau et Nizan (Le Cheval de Troie) ", Actes du colloque d'Angers, Cahiers Octave Mirbeau, n° 8, 2001 et a collaboré aux quatre premiers numéros de la revue Aden. Paul Nizan et les années trente]